Crypto monnaie

Série crypto-monnaie

#2 Quel avenir pour les crypto-monnaies dans les trésoreries ?

Notre expert vous propose une série d’articles dédiée aux cryptos pour aborder les perspectives et opportunités de cette monnaie numérique dans les systèmes de gestion de trésorerie.

Dans notre premier article de la série Crypto-monnaie, nous vous proposions un débat opposant crypto-monnaie et crypto-actif, avec une balance plutôt favorable aux crypto-actifs. Dans ce nouvel article, nous vous proposons d’explorer les possibilités des crypto-monnaies dans les trésoreries d’entreprise pouvant avoir deux fonctions : véhicule d’investissement et outil de paiement. Classe d’actif ou outil de paiement, le débat s’ouvre encore…

Classe d’actif, une utilisation disparate selon les continents…

En tant que classe d’actif, l’utilisation des cryptos parait aujourd’hui limitée. Pourtant, le paradigme post pandémie semble assez différent selon les zones géographiques. Extrêmement limitées en Europe, leurs transactions sont pourtant bien rentrées dans les usages dans les autres continents.

En effet, dans certains pays d’Amérique Latine, d’Asie, et dans une moindre mesure aux Etats Unis, certains trésoriers ont cherché à mettre en place des stratégies destinées à maintenir la valeur de leurs actifs. Les trésoriers assistent en effet à une augmentation drastique de la masse monétaire, à une inflation galopante, et cherchent ainsi à se prémunir contre ce phénomène. C’est la raison pour laquelle certains trésoriers n’ont pas hésité à investir dans les crypto-actifs, certes aussi risqués que volatiles, mais ces derniers estimaient qu’il est toujours moins risqué d’y investir que de conserver du cash dans un environnement où les taux d’inflation fluctuent entre 20% et 40%, où les taux d’intérêts réels sont négatifs, et où ils sont par conséquent assurés d’assister à un rapide déclin de sa valeur.

En conséquence, l’appétit croissant pour les monnaies numériques et en particulier sa valeur phare le bitcoin, est en fait lié au déclin de la valeur du cash traditionnel, plutôt qu’à ses qualités intrinsèques. Pourtant, la tempête qui touche actuellement le marché crypto devrait très certainement réfréner les ardeurs des investisseurs en bitcoins ou autres cryptos…

En Europe, même si les rendements des cryptos ont été très élevés durant certaines périodes, avec une volatilité de même ampleur, ils demeurent une classe d’actifs généralement proscrites au sein des trésoreries, sauf exceptions rares. Le trésorier, gardien des liquidités, doit alors faire preuve de prudence et d’aversion au risque, tout en maintenant les liquidités à un risque faible. Le rendement vient donc en second lieu et intégrer la crypto comme classe d’actif est à l’opposé du spectre de risque des fonds AAA ou AA, des placements en cash equivalent, en raison de leur extrême volatilité. Le bitcoin n’a en effet aucune valeur intrinsèque et ne dispose d’aucun mécanisme destiné à stabiliser sa valeur, de sorte que son prix est très volatile.

Un moyen de paiement sans équivalent

Il existe désormais de nombreux cas d’utilisation des cryptos en entreprise. A titre d’illustration, et en lien indirect avec les crypto-monnaies, 2021 a été l’année de l’irruption des Non Fongible Transactions (NFT) et du concept de Metavers qui ont précipité le plongeon des sociétés dans ces nouveaux actifs et les technologies qui les sous-tendent. L’industrie du luxe, du jeu vidéo, mais aussi le monde de l’art et du sport investissent massivement dans ces technologies et l’achat de parcelles dans le Metavers ou la vente de NFT qui imposent des règlements en crypto-monnaies.

L’une des incursions les plus remarquées dans le Metavers est venue du marché du luxe avec la vente très convoitée d’un sac virtuel de la marque Gucci pour une valeur équivalente à 4.115 $.

En parallèle, Kering, Gucci et Balenciaga sont très investis dans le Metavers, des équipes y sont dédiées, mais plus prudents quant à l’acceptation des crypto-monnaies sur leurs sites de vente en ligne. En effet, même s’ils ne sont pas illégaux dans la plupart des juridictions, les conséquences juridiques et fiscales, actuelles et en devenir, doivent être analysées attentivement.

Contrairement à certaines idées reçues, les règlements en crypto ne sont pas réservés au monde virtuel. Il est désormais possible de payer en cryptos dans certains magasins physiques de la marque Gucci dans certaines grandes villes aux Etats-Unis, avec une extension à l’ensemble de l’Amérique du Nord prévue pour l’été 2022.

La France semble, elle aussi, vouloir s’imposer sur ce créneau ! A Paris, du 8 juin au 8 juillet 2022, vous pourrez effectuer vos achats en crypto-monnaies dans le centre commercial Beaugrenelle. Une première !

Le stablecoin, passerelle entre crypto-monnaies et devises fiduciaires

Le stablecoin, monnaie numérique indexée sur une devise fiduciaire (monnaie ou panier de monnaies/commodities) nettement moins volatile que le bitcoin fait également son entrée.

Pour matérialiser cette indexation, deux méthodologies sont aujourd’hui exploitées :

  • de façon algorithmique dont l’actualité récente, illustrée par la brutale chute du Terra USD, a démontré les limites du modèle,
  • ou avec une garantie sous la forme d’un équivalent collatéralisé en monnaie fiat.

En France plus particulièrement, le groupe Casino a récemment lancé son stablecoin, baptisé Lugh, dont chaque € Lugh est adossé à un équivalent € détenu sur un compte Société Générale. L’objectif de la démarche est d’utiliser le Lugh en tant que moyen de paiement mais également de programme de fidélité. La technologie portée par les monnaies numériques permet l’utilisation du potentiel des smart contracts qui offrent la possibilité d’embarquer un programme informatique au sein même de la monnaie qui exécute des tâches prédéfinies. Elle offre ainsi une grande simplification du programme de fidélisation ou Cashback qui nécessite une administration lourde, ainsi qu’une interopérabilité du programme de fidélité entre les différentes enseignes du groupe, grâce à la blockchain.

e-Yuan, vers une monnaie numérique chinoise

La Chine semble quant à elle bien décidée à valoriser une monnaie numérique chinoise. En effet, le e-Yuan ou e-CYN a fait son entrée sur le site des Jeux Olympiques 2022, signe que le gouvernement chinois entend bien développer l’utilisation de cette monnaie.

Depuis, les grands groupes voient l’arrivée imminente des monnaies numériques de banques centrales qui devrait profondément impacter leur business. Désormais les enseignes de grande distribution présentes en Chine vont devoir gérer des encaissements en espèces, par carte Visa ou par e-Yuan.

Vers une nouvelle monnaie pour la trésorerie d’entreprise

En fin de compte, la trésorerie devrait considérer la crypto-monnaie pour ce qu’elle est censée être – un moyen de paiement et dans de rares cas une classe d’actifs. Ainsi, si une entreprise accepte la crypto comme moyen de paiement, elle se matérialise comme une nouvelle monnaie pour la trésorerie, qui peut ensuite être couverte dans la monnaie fonctionnelle de l’entreprise, éliminant ainsi le risque de change, à l’instar de n’importe quelle devise.

Certaines fintechs l’ont déjà compris et sont déjà en mesure de fournir des instruments destinés à couvrir des expositions, présageant de beaux jours aux crypto-monnaies. Outre de potentielles économies en termes de frais, ces technologies offrent des délais d’exécution quasi-instantanés. L’utilisation des crypto-monnaie en tant que moyen de paiement cross-border constitue ainsi une réelle opportunité.

Et pourtant… Crypto-monnaies, un avenir encore incertain !

Des groupes de toutes tailles utilisent désormais les crypto-monnaies en tant que moyens de paiement, et certains fournisseurs de services de paiement, tels que PayPal, ont commencé à les accepter, permettant ainsi à de nombreux commerçants de bénéficier de cette opportunité.

En revanche, malgré l’enthousiasme général, l’avenir des crypto-monnaies reste toujours incertain, car de nombreux gouvernements cherchent à tempérer leur croissance, que ce soit par des restrictions réglementaires, ou par l’interdiction pure et simple de leur usage.

Peut-on donc s’attendre à une réglementation et une monnaie numérique de Banque Centrale ? A suivre dans notre prochain article de notre série « Crypto-monnaie » !

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A propos de l’auteur

Frédéric Saunier, Directeur Général de Diapason

Spécialiste des services financiers depuis plus de 25 ans, Frédéric Saunier accompagne la digitalisation des directions financières des clients de Diapason. Expert de l’Intelligence Artificielle, de la Blockchain, la Sécurisation des flux financiers et du développement durable (ESG), Frédéric vous partage son expertise à travers ses articles.

Frederic Saunier

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