Diapason

Flambée et volatilité des prix des matières premières

Digitaliser le suivi des expositions, une nécessité !

Les matières premières sous tension

Le monde dans lequel nous évoluons en 2022 subit une crise sans précédent qui impacte simultanément tous les secteurs de l’industrie des matières premières (gaz, pétrole, céréales, métaux…). Depuis le début de l’année, la situation des prix des matières premières est devenue plus sévère, complexe et surtout incertaine sous l’influence combinée de multiples facteurs – la pandémie de Covid-19, les changements de politique monétaires des principales économies et surtout l’escalade dans les conflits géopolitiques.

Avec l’invasion russe, le cours du pétrole (Brent) s’est envolé et augmenté de plus de 30% et même si cette hausse a été suivie d’une correction sensible, la tendance reste incertaine incertaine (en particulier suite à l’embargo européen sur le pétrole en provenance de Russie par voie maritime, qui entre en vigueur le 5 décembre). Il est à parier que ces perturbations pourraient également se répercuter sur d’autres marchés de l’énergie, le pétrole et les produits russes étant utilisés pour le raffinage d’autres marchandises. Par ailleurs, les variations brutales des prix du pétrole, des métaux et autres matières premières ont généré des volumes historiquement élevés d’appels de marge dans les sociétés de négoce au début du mois de mars 2022. Ainsi, ces fortes variations renforcent les craintes de voir la volatilité des produits de base se répercuter sur d’autres marchés avec l’escalade de la guerre en Ukraine, et les sanctions imposées par les États-Unis et ses alliés à la Russie, géant des exportations de matières premières. L’envolée des prix du nickel, dont la Russie est un des principaux fournisseurs, avec un doublement de son prix (le mouvement ayant été exacerbé par le géant chinois Tsingshan qui a « shorté » plus de 100 000 tonnes de nickel), avait contraint les principales places de marché, dont le LME, à stopper les cotations en mars dernier et avait mis en difficultés les traders à régler les appels de marge à leurs chambres de compensation. Plus généralement, un large éventail d’autres matières premières, des métaux, tels que le palladium et l’or, aux céréales ont également connu de fortes variations ces derniers mois.

Assurer la stabilité des prix et des approvisionnements, un défi de taille dans un contexte très instable !

Si le système a été capable d’absorber le stress jusqu’à présent, la situation suscite de nombreuses inquiétudes pouvant aller jusqu’à des scénarios de transformation en un effet systémique plus large. Le contexte actuel quasiment inédit oblige donc les entreprises exposées aux risques de matières premières de disposer d’une solution de gestion des dérivés sur commodities pour faire face à des marchés mondiaux de matières premières et d’énergie qui évoluent sans cesse.

Pour répondre à cette problématique mondiale tout en se conformant aux réglementations locales, il est nécessaire pour les entreprises d’obtenir un accès aux expositions sous-jacentes et de suivre les transactions dérivées qui couvrent ces positions.

La première étape dans la digitalisation des processus et dans la structuration de l’information consiste à disposer d’une structure d’accueil destinée à intégrer les positions physiques prévisionnelles en matières premières, en provenance des sociétés opérationnelles ou des services achat. Il est alors possible de consolider les expositions sous-jacentes et de modéliser ces positions selon tous les axes nécessaires (sous-jacent, date, entité…).

Pour accompagner cette étape, il est fondamental de disposer d’une solution de gestion des risques munie d’un outil d’aide à la décision quant aux couvertures à mettre en place en face de ces expositions. Les expositions sous-jacentes adossées aux opérations dérivées offrent ainsi la possibilité d’avoir accès aux positions globales.

Par ailleurs, la gestion des transactions dérivées sur matières premières doit reposer sur un modèle suffisamment générique pour couvrir la majeure partie des instruments sous-jacents. Elle doit se matérialiser par la détermination de ces instruments et de leurs caractéristiques. Il n’y a pas ainsi de limitation quant à la détermination de ces instruments (métaux, énergie, matières premières agricoles – sur marchés OTC ou organisés). Ce qui signifie que la solution est évolutive en fonction de l’évolution des marchés et des sous-jacents traités.

Gérer le cycle de vie des transactions de bout-en-bout n’est plus une option !

Le cycle de vie des transactions doit être assurément géré de bout-en-bout : des différentes étapes de validation à la génération des cash settlements et des exercices d’option en passant par les processus back-office, confirmations, instructions de règlement, collatéralisation et appels de marge (pour les transactions sur marchés organisés).

Il est évident que les principales typologies de transactions qui doivent être couvertes – swaps, futures, options (asiatiques, américaines, européennes) peuvent être traitées sur l’ensemble des instruments sous-jacents préalablement configurés. Par ailleurs, il est devenu fondamental de disposer de la structure d’accueil des données de marché nécessaires pour valoriser ces familles de transactions. Les valorisations sont désormais disponibles tant à des fins comptables que de gestion.

Enfin, les transactions doivent faire l’objet d’une interprétation comptable, en conformité avec les normes locales, et surtout avec IFRS9.

L’extrême volatilité des marchés des matières premières est très certainement amenée à durer. Il est désormais crucial pour les entreprises exposées d’être équipées d’un Système d’Informations permettant de modéliser les expositions afin d’anticiper au mieux les risques, et d’assister le trésorier quant aux décisions de couverture qui s’imposent. Le système devra être en mesure de répondre à toutes les problématiques back-office et comptables relatives au suivi des dérivés sur matières premières.

A propos de l’auteur

Frédéric Saunier, Directeur Général de Diapason

Spécialiste des services financiers depuis plus de 25 ans, Frédéric Saunier accompagne la digitalisation des directions financières des clients de Diapason. Expert de l’Intelligence Artificielle, de la Blockchain, la Sécurisation des flux financiers et du développement durable (ESG), Frédéric vous partage son expertise à travers ses articles.

Frederic Saunier

Partagez facilement en choisissant votre plateforme !